«Une vendetta» de Guy de Maupassant: Une analyse avec une touche existentialiste

Comme autres écrivains du 19e siècle (par ex. Charles Dickens en Angleterre et Alexandre Dumas en France), Guy de Maupassant a d’abord publié son histoire «Une vendetta» dans un journal, Le Gaulois le 14 octobre 1883. L’histoire se déroule en Corse dans la vie des quatre personnages : La veuve Saverini, son fils Antoine, la chienne Sémillante et le meurtrier Nicolas Ravolati.

Dans les notes textuelles de Contes du jour et de la nuit, Pierre Reboul dit : «La Corse, pour Maupassant, est le pays de la sauvagerie, avec tout ce que le mot implique d’excés, mais aussi d’innocence.» En effet, il est important de comprendre la géographie corse et les Corses eux-mêmes pour apprécier l’intrique et les détails de l’histoire. Maupassant commence l’histoire dans «la petite maison pauvre » de la veuve, suivi par une description précise de la ville Bonifacio, avec son port, ses remparts, et ses falaises qui regardent la côte de la Sardaigne à travers le détroit. Il continue avec la montagne blanche et les maisons qui fournissent «une tache plus blanche encore» et qui «ont l’air de nids d’oiseaux sauvages.» La mer en dessous est «terrible» et le vent «ravage» les deux bords du port.

J’inclus ces citations parce qu’elles soulignent la sauvagerie primitive du ville et de ses pauvres habitants. Les illustrations ci-dessous m’ont aidé à voir l’endroit ; on ne peut qu’imaginer la scène en 1883. (Cliquez sur les photos pour les agrandir.)

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Alors, à l’histoire . . .

Antoine, le fils unique de la veuve Saverini, est tué par Nicolas Ravolati avec un coup de couteau. Sa mère et sa chienne sont très triste, et elles pleurent et gémissent toute la nuit. Malgré son âge et sa faiblesse, la veuve jure de venger la mort de son fils. Mais comment? Après plusieurs nuits, en entendant les hurlements de la chienne, elle fait son plan «de sauvage vindicatif et féroce.»

Elle commence par affamer la chienne pendant deux jours. Puis elle fait un mannequin des vieux vêtements de son mari et l’étouffe avec des pailles. Pour le col, elle attache un boudin noir. Elle appelle la chienne, qui attaque le mannequin avec ses crocs pour manger le boudin. La veuve répète cette formation pendant trois mois. Au fin de ce temps, la chienne n’ai besoin du col de boudin pour attaquer le mannequin. Quand Sémillante est affamée, la veuve lève le doigt et dit «Va!» La chienne attaque le mannequin, et sa récompense est un boudin noir grillé. Le plan de vengeance est prête!

Avec l’aide d’un pêcheur, la veuve et Sémillante vont au hameau de Longosardo et la veuve demande l’adresse de l’homme qui a tué son fils. Quand elle le trouve, elle relâche la chienne, lève le doigt et dit «Va!» La chienne attaque la gorge de Nicolas Ravolati et le tue. Cette nuit-ci, la veuve dors bien.
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Un gardeur de troupeaux–Sémillante?

Il y a quelques détails nécessaires pour comprendre bien les implications de l’histoire. Par exemple, le nom de la chienne a beaucoup d’importance. La Sémillante était une frégate de la marine française pendant la guerre de Crimée. La frégate a fait naufrage dans le détroit de Bonifacio en 1855. Le nom donc implique un catastrophe.

L’histoire révèle aussi l’importance de l’église dans la vie des pauvres. Quand la veuve arrive à son son idée vindicative et féroce, elle va a l’église et prie, suppliant Dieu de l’aider. Le jour de la fruition du plan, elle y retourne pour «se confesser et communi[er], avec une ferveur extatique.»

Le style de l’histoire est également important. Maupassant souligne le plan inexorable avec des phrases très courtes:

[E]lle fait promis, elle avait juré sur le cadavre. Elle ne pouvait oublier, elle ne pouvait attendre. . . . Elle ne dormait plus la nuit; elle n’avait plus ni repos ni apaisement; elle cherchait, obstinée.

Le mot «inexorable» m’amène au thème d’existentialisme de notre cours. L’idée du destin est a cœur de la pensée existentialiste, et comme le plan de la mère Saverini, le destin est inexorable. Lorsqu’elle décide d’agir, il n’y a rien que peut l’arrêter. On pourrait dire que le moment où elle fait son plan de vengeance est son moment existential. Sa vie a maintenant un but.

L’absurde entre à la fin de l’histoire. Selon Reboul: «L’anecdote est si peu vraisemblable qu’elle a chance d’avoir, dans la réalité, une origine plus ou moins précise.» Plusieurs contes de Maupassant terminent avec un rebondissement–une tournure surprenante ou inattendue. Ce n’est pas le cas avec «Une vendetta.» La seule surprise est le bon sommeil de la veuve. La fin semble si improbable qu’on pourrait l’appeler absurde comme les histoires des existentialistes.

Enfin, un principe des existentialistes est que l’existence précède l’essence. C’est vrai pour la veuve Saverini. Avant la mort de son fils, elle était la même que toutes les autres femmes–fille, épouse, mère et veuve. Sa vie était difficile mais aussi la même vie que les autres femmes dans les autres maisons pauvres. Même quand son fils meurt, elle est simplement une autre femme que a perdu son enfant. Elle existe, non plus. Mais quand elle décide de son plan, elle supplie Dieu «de donner à son pauvre corps usé la force qu’il lui fallait pour venger le fils.» Voici l’essence de la veuve Saverini.

Bien sûr,  Guy de Maupassant n’était pas existentialiste, mais naturaliste.  Cependant, on peut souvent gagner des aperçus de la vie–et de la littérature–en utilisant les idées des philosophes. Je crois que c’est le cas avec cette histoire.

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Le post ci-dessus était mon dernier project pour mon cours français, FRE212. Je viens de me souvenir d’un autre sur ma première année avec le même professeur et ami merveilleux, David Young, et les changements ses cours ont fait dans ma vie. Voici le post de mai 2016:

«Ponctuation»

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